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Russians in French Guiana?  At the feet of their eternal Soyuz launcher, a missile pointed towards space and planted in the back of European space. Arianespace is trumpeting the great works to be built on this foundation stone. Under the official cheers, the engine's squeaks are asked to be muted. The end of a very long game of chess.  They are here. They wanted it. They got it. Via Arianespace, failing to have walked on the moon, the Russians have finally conquered their share of America. It is a success. No entry.  

Des russes en Guyane française ?  Aux pieds de leur éternel lanceur Soyouz, missile pointé vers l’espace et planté dans le dos du spatial Européen. Arianespace claironne les grandes œuvres à bâtir sur cette première pierre. Sous les vivats officiels, les grincements du moteur sont priés de faire sourdine. Fin d’une très longue partie d’échecs.  Ils sont là. Ils la voulaient. Ils l’ont eu. Via Arianespace, à défaut d’avoir marché sur la lune, les Russes auront enfin conquit leur part d'Amérique. C’est un succès. Défense d’entrer.

🇬🇫 FRENCH GUIANA KOUROU  SPATIAL

WECOME TO 
BAIKOUROU

STORY  SÉBASTIEN DI SILVESTRO ⎮ HANS LUCAS

PHOTOS  N° 32-34 ⎮ STEPHANE CORVAJA ⎮ E.S.A

Kourou, Centre Spatial Guyanais, Ensemble de Lancement Soyouz (ELS). 120 hectares de barbelés « russes » plantés dans les 70.000ha de barbelés européens.  Le 29 avril,  sous le soleil bagnard de la Guyane débutait la semaine de test décisive d’une Soyouz nouvelle version, en Europe sud-américaine…

 

Les portes du MIK (Bâtiment d’assemblage de Soyouz) s’ouvrent béantes sur le lanceur de légende. L’héritier des V2, la fierté de la guerre froide, le lanceur de Spoutnik, Leïka et Gagarine défile à nouveau à la Une de l’Histoire sur 650 mètres de rail, vers son nouveau pas de tir. Autour, les équipes de casques rouges des ingénieurs en chefs de Roscomos s’affairent avec autorité. Tandis que les drapeaux russes s’affichent à tous les bras de chemises, ceux des partenaires européens flottent vaguement au loin.  En lignes serrées, les techniciens  saluent silencieusement le passage de Zemiorka, leur petite septième, comme si l’ancien hymne rouge résonnait encore. 

 

Même le caméraman détaché par le Ministère de la Défense russe arbore un tee-shirt « Back to URSS » en un clin d’œil narquois fait à l’histoire autant qu’à l’assistance. Igor Barmin, le responsable de la construction du pas de tir, fils de l’illustre Vladimir Pavlovich Barmin, constructeur général de tous les pas de tir Soyouz, un héros de l’Union Soviétique,  félicite d’une poigne de fer Dimitri Baranov, le chef des opérations de lancement russe. Ces hommes sont indiscutablement aux commandes. Les personnels d’Arianespace, le client et cheval de Troie de cette collaboration aux implications stratégiques, assistent aux manœuvres en quasi spectateurs. Hormis l’immense portique de protection du lanceur,  seule véritable concession russe de ce chantier pharaonique, les opérations se déroulent à l’identique d’un Baïkonour brutalement cloné en France tropicale.  

UNE AFFAIRE TRÈS PROFITABLE 

Il aura pourtant fallu 10 ans d’âpres négociations pour en arriver à ce trouble résultat. La grande histoire fait remonter à De Gaulle, en 1966, la paternité morale de cette collaboration pionnière. En pratique, elle se situe plutôt sous l’ère Chirac, au surlendemain de la chute de l’URSS, en 1996, où le Président fît une visite en Russie qui rapporta quelques 600 millions d’Euros à Airbus. Et accoucha la même année de la création de l’Agence Franco-Russe visant a commercialiser Soyouz : Starsem.  François Fillon, alors Ministre chargé de l’Espace accompagna Jean-Yves Le Gall, futur PDG d’Arianespace et de Starsem à Moscou. Les coûts élevés de location de Baïkonour au Kazakhstan,  faisaient déjà lorgner Roscomos sur le pas de tir équatorial français qui lui permettrait d’augmenter sa capacité d’emport en passant de 2 tonnes à 3 tonnes.  L’aéronautique Européenne, cherchant un allié contre le concurrent Boeing, trouva à Moscou une oreille attentive, des terrains d’échanges, autant qu’une méthode de négociation éprouvée. Resterait à convaincre l’Agence Spatiale Européenne et le Centre National d’Etude Spatiale (le fabricant d’Ariane alors qu’Arianespace n’a été créée à l’origine que pour commercialiser Ariane). Les deux agences ne voyaient pas clairement l’intérêt  d’installer sur leur sol un concurrent direct et technologiquement archaïque à leur lanceur Ariane IV et sur les plates bandes d'une future Ariane V.

 

Débute alors une phase de négociations tendues menées par Arianespace. En 2001, Jacques Chirac promet aux Russes la construction du pas de tir même si les agences européennes font trainer jusqu’en 2002 en refusant catégoriquement de prendre en charge ce financement. L’ancien président du CNES,  Gérard Brachet finit par déclarer « qu’en dessous de 2 lancement Soyouz par an,  le marché d’Ariane 5 ne serait pas cannibalisé et que les retombées seraient positives pour Arianespace, et justifierait amplement  cet investissement de 100 millions de dollars pour le pas de tir. ». Pourtant, aujourd’hui, c’est la constellation de  satellites Galiléo (le GPS européen quelque peu "faiblard" au financement européen pléthorique), premier d’une série de 4 à être tiré cette année par Soyouz qui s’avance sur le pas de tir.

 

De quoi faire pleuvoir les commentaires ironiques des opérateurs de la salle de contrôle Jupiter, reconvertie en poste de douane pour limiter les éventuels débordements russes, et en salle de spectacle pour VIP.  Non seulement l’Europe ne rentabilise ses investissements en priorité, mais Soyouz annoncée à l’origine autour de 20 millions d’euros pièce est aujourd’hui plus proche des 80… Sans oublier que le coût des installations financées exclusivement par l’Europe et en majorité par la France s’élève à 344 millions d’Euros plus 121 millions empruntés par Arianespace à la Banque Européenne d’Investissement, encore garantis par le contribuable français.

 

La quote part travaux de 100 millions demandée à Moscou est revenue sous la forme d’un « niet » définitif puis d'un « apport industriel gazeux » à défaut de liquide. En clair, l’Europe doit s’estimer contente de ne pas payer la recherche développement du lanceur quinquagénaire. Il faut dire que pour convaincre l’Union de se tirer une balle dans le pied, les Russes ont fait su faire tourner de la roulette. D'abord, en signant un accord avec les Australiens puis en menaçant de poursuivre avec l’Américain Boeing, l’« ennemi industriel » d’Airbus. Reddition inconditionnelle des Européens en 2003. Et grande satisfaction d’Arianespace dont la vérité est ailleurs, dans la répartition d'un étonnant capital. A l'hôtel "Mercure-Arianespace", à Kourou, malgré une assiette de papaye écarlate striée de filaments jaunes, le petit déjeuner s’annonce encore maussade pour la silhouette en retrait des grandes tablées. En constatant la présence de ses homologues russes par la fenêtre, sur fond de palmiers royaux, comme l’aboutissement d’une manœuvre grossièrement efficace, un haut cadre du CNES, miné, lâche la version coulisse : «  Les Russes sont les meilleurs joueurs d’échec au monde, ils nous ont baladé du début à la fin du projet. Nous arrivions à Moscou avec une délégation de quelques personnes, déjà mandatées pour faire, pour acter. La partie était déjà jouée.  Face à nous, 3 rangées de 15 Russes prêts à claquer  la porte. Tout s’est donc fait à leurs conditions ». La version tous publics martèle que « nous avions besoin d’un lanceur pour le marché des satellites de moins de 5 tonnes, et que Soyouz est rentable alors qu’Ariane 4 ne l’était plus, sur la fin », affirmait alors Jean-Yves Le Gall, le double PDG d’Arianespace et de Starsem. Sur la fin ? C’est à dire à partir du moment où les négociations avec les Russes avaient déjà commencé ? Klutsch ? 

 

L'OBSESSION DU SECRET 

 

Le compte à rebours avant le lancement fictif de la première Soyouz guyanaise en mai 2011 préfigure un véritable lancement à haut risque en octobre. Le secteur militaire européen a refusé d’essuyer les plâtres avec ses propres satellites. Pas de quoi donner confiance à la clientèle internationale. Galiléo, a été casée par commodité. Début des essais grandeur nature. La sécurité se dresse autour du site. Le dry run a été prévu très en amont du premier lancement tant les visions des procédures de sécurité-sauvegarde ont dû être totalement remises à plat entre deux mondes réunis par l’économie mais que tout sépare en matière d’expérience.

 

Les russes ont déjà tiré presque 1800 fois dans les rugueuses conditions de Baïkonour. Tout les compteurs électriques affichent la couleur : « interdiction d’utilisation par les personnels non russes ». Leur label est indiscutable. Mais technologiquement, l’Europe plane aujourd’hui très au-dessus des gloires historiques. Les lancements commerciaux routiniers ne déplorent aucun mort, peu de ratés.  Au CSG, le moindre déplacement est tamponné ISO quelque chose. Naturellement, « les Russes ne comprenaient pas pourquoi nous devions tout reprendre pour installer nos propres standards de procédures. Avec leur obsession du secret, ils se demandaient toujours où nous voulions en venir », confie avec un clin d’oeil Didier Coulon, le chef du programme Soyouz pour l’ESA.  

Joël Barre, le directeur du CSG entre dans la salle de contrôle Jupiter en souriant un peu trop ostensiblement à la presse. Néanmoins il souffle :  «  il y a du monde aujourd’hui,  ne manquerait plus qu’un lancement ! »  On nous répète que la journée est historique. On claironne que  la salle de contrôle émettra seule l’autorisation finale de lancement, précisément pour atténuer que la partie se joue ailleurs : au Centre Soyouz, divisé en 2 étages dont 1 inaccessible à toute personne étrangère. Celle de la société Lavotchkine, le fabricant de l’étage Fregat. Entre les différentes autorités de lancements russes, à Baïkonour, il n’est pas rare de recevoir 2 fax après un lancement. Le premier affirmant que de leur côté tout s’est bien passé. Un second déplorant la perte du lanceur.  En Guyane, elles seront donc au nombre de 3, une véritable dilution de la chaine de commandement avec des interprètes et des interprétations. « Ce sont des contraintes de réactivités de diagnostics très contraignantes. Ce qu’on faisait en franco-français, il faut le faire avec des russes. Par exemple la chronologie du lanceur Soyouz est complètement différente de celle Ariane. Je ne vous cache pas qu’en assistant à la première, même si mes équipes s’y sont déjà mises, moi je n’ai rien compris », lâche le directeur du CSG, désormais heureux « propriétaire » d’un véritable « parc automobile de l’espace » avec une Fiat-Véga, une Lada-Soyouz et une Roll’s-Ariane dépourvue de siège, réduite au fret. 

Et si les Russes investis d’une d’une mythologie héroïque venaient comme à Baïkonour assister aux lancements à 100 mètres du tir, une clope au bec et un shot de vodka juste avant d'encaisser le souffle ?  « Dans ce cas, je vous réponds franchement, j’arrête le tir », confirme Thierry Vallée, le Directeur des Opérations. Le compte à rebours s’égraine. Et justement, l’évacuation du pas de tir est exigée. Igor Barmin, lui-même est forcé de quitter son chantier, furieux. Le soir même, lors d’une promenade sur la plage, après avoir donné raison à la version officielle commune, il confiera agacé : « Les européens avec leur vision de la sécurité n’ont fait que gonfler la facture sans que ça joue vraiment. Beaucoup de bêtises ont été faites sur ce chantier, mon père aurait sans doute été beaucoup plus strict. Et puis,  ce ne sont pas tous les russes qui assistent au décollage à 100 mètres  Mais peut-être bien 55 mètres… ». Bon baiser de Russie.

 

 

 " AGENT DOUBLE "

 

 

C’est donc un succès historique. Les 4 chefs d’agences, dont le nouveau protégé de Poutine, Vladimir Popovkin, procèdent à la remise des clés du pas tir à Arianespace, puis à la découverte de la pierre Gagarine.  Pendant la phase de démontage. Coup de théâtre, les russes laissent un libre accès total au lanceur.  La même source du CNES avance son interprétation : «  Il ne faut pas analyser les chiffres dans ce genre de projet. Ca ne sert à rien. La question de l’espace est avant tout stratégique. Mais une chose est sure, nous n’avons eu aucun transfert de technologie dans cet échange. Et d’ailleurs pourquoi faire ? Quand j’ai vu le transfert des forces du lanceur de la verticale à l’horizontale, ce sont des projets que nous avions déjà dans les tiroirs il y a 10 ans. La question qu’on a le droit de poser c’est le lien entre Soyouz, la fin d’Ariane IV et le début d’Ariane V ». 

Alors posons là.

 

Le premier élément de réponse se déniche dans le capital social de la société Starsem où russes et français sont à 50/50 (35% EADS, 15% Arianespace,  25 % TsSKB,, 25% FKA, l’agence spatiale russe). Via EADS, et donc Airbus, Jacques Chirac quittait la Russie avec une commande en poche de 600 millions d’euros pour l’avionneur, à la date de création de Starsem. Aujourd’hui, Airbus, ambitionne de vendre quelques 300 avions à la Russie qui entend restructurer son aéronautique d'ici 2030. A cette époque les relations Paris-Moscou sont encore au beau fixe. La France investit dans la nouvelle Silicon-Valley Russe. Même la Snecma, le fabriquant de la propulsion d’Ariane, parmi les premiers à se plaindre de la venue de Soyouz est désormais associée aux Russes dans leur aéronautique. Les contrats pleuvent. La politique pro-européenne de Poutine-Medvedev, faisant toujours jouer la concurrence (puisqu’elle lance aussi des Protons avec les américains via ILS), pour obtenir le meilleur positionnement, mais donne le plus souvent, en fin de lecture,  sa préférence au continent. 

Alors, dans un monde de real politik et de concurrence mondiale sévère, Soyouz représenterait-elle « un cadeau » aux Russes qui voulaient l’équateur, avec contrepartie ? Sans aucun doute. Et tout compte fait,  avec une balance commerciale et politique bénéficiaire, cette logique pourrait sembler imparable. 

 

Seulement, les grincements de dents du côté de l’ESA et du CNES trahissent une autre lecture des organes internes. Privés de grands projets spatiaux ils alignent les chèques pour une puissance étrangère peut aussi se concevoir. Une position d'’autant plus irritante que la perte progressive de rentabilité d’une Ariane IV, un bijou de technologie, a très opportunément été contemporaine de la montée en puissance du projet Soyouz. Les industriels pleuraient lors de la destruction de machines outils impeccables à la fin du programme Ariane. C’est rare, de voir un industriel pleurer.  Sans oublier que le programme Ariane V, perd encore de l’argent, avec une commercialisation difficile pour 2 satellites emporté une fois. Sachant que la moindre défaillance de l’un pénalise l’autre. Ariane V doit aujourd’hui composer son marché avec Soyouz. Alors malgré les sourires obligés, accrochés à la galerie de l’histoire, certains ne peuvent empêcher d’établir des liens de cause à effet. Surtout quand les questions de rentabilité du secteur spatial demeurent sujettes à interprétation, avec  Starsem et Arianespace alors coiffées d’un même PDG.  Et que l’idée même de rentabilisation pour  le petit club des puissances spatiales passe au second plan. L’accès à l’espace demeure avant tout une question stratégique de souveraineté. La maîtrise du « High Ground » (le point le plus élévé), demeurant un impératif militaire depuis l’antiquité. Et le vrai terrain de toutes les guerres du futur depuis l'arsenalisation de l'espace par les américains, entamé avec le programme "guerre des étoiles"sous Ronald Reagan. 

 

Et que dire de la victoire finale d’une relique soviétique devenue, contre toute attente, depuis la fin de la navette américaine et jusqu'à l'avénement de Space X, le dernier recours du spatial mondialisé pour transporter l’homme  vers le ciel. Mais le dénouement de cette partie s’achève bien sur la terre ferme, au salon du Bourget un mois après ce dry run. Si Soyouz a été troquée contre des perspectives de ventes d’Airbus aux Russes, ceux-ci présentent dans un vaste stand rutilant, leur futur avion moyen courrier, le Sukhoï 100, ressemblant singulièrement à un Airbus et construit avec de nombreux équipementiers européens. Mieux, les russes ont parallèlement pris pieds dans le capital EADS via la Vneshtorbank, une banque d’Etat. 

 

Le Premier Ministre, François Fillon, avance d’un pas décidé sur le tarmac de l’aéroport entouré des dirigeants du CNES et de l’ESA. Le CNES, las, d’avaler les couleuvres d’Arianespace avait émis au mois de janvier dernier un rapport enjoignant d’arrêter au plus vite cette « collaboration nécessaire » avec les russes. Un fiasco annoncé, alors même que Moscou travaille sur des nouvelles versions de Soyouz qui se révèleront sans aucun doute incompatibles avec le couteux pas de tir guyanais…. Si en 1996, François Fillon, s’était rendu avec Jean-Yves Le Gall à Moscou pour la création de Starsem, il semble aujourd’hui se ranger tardivement aux arguments des penseurs de la politique spatiale européenne. Le PDG d’Arianespace réputé pour son abord glacial, s’avance presque invisible, embarrassé, vers le Premier Ministre. Désaveu cinglant, ce dernier passera devant le stand sans marquer de halte. Il file avec les dirigeants du Cnes et de l’Esa tout sourire, directement chez Thalès qui caracole en tête des équipementiers internationaux.  

 

L'ensemble de cette opération promet d'être d'autant plus historique qu'elle est loin d'être assurée dans le temps à la hauteur des objectifs annoncés. La leçon valait certes un bien un bortsh au fromage, mais la nostalgie camarade, emporte le regard vers la lumière morte d’une belle étoile chue de ciel en terre,  un auto-sabordage précipitant inutilement la fin d'une Ariane IV qui avait encore de longues années de service devant elle, troquée contre une mauvaise « op commerciale ». Sur la base, il se raconte qu'au moment de la destruction des équipements d'Ariane IV on aurait vu des industriels pleurer devant ce gâchis lamentable. Sans même qu'ils puissent prévoir les déboires initiaux du fait d'un développement tout aussi précipité d'Ariane V, dont la réussite technique finale, bien que dépouillée de sa mission ultime et la plus stratégique, tient aux prouesses de ses ingénieurs. De l'aveu amer de la plupart des collaborateurs du CNES, Soyouz en Guyane grève depuis ses premières heures le potentiel de développement d'Ariane V conçue à l'origine pour transporter l'homme dans l'espace. Ariane V ne développera jamais son module habitable, l'outil d'une réelle politique stratégique d'indépendance pour un accès européen à l'espace. Sur une des nombreuses routes du CSG, une maquette du module en forme de cannette de soda vide prend la rouille depuis des années. Si l'on résume à la fin des fins, derrière un écran de chiffres tout aussi astronomiques que discutables, le contribuable européen, la France en tête, paie des russes pour l'envoi de satellites de télé-communication américains et nombres d'autres pays qui ignorent totalement et avec quelques raisons ce marché du satellite qui n'en n'est pas un. Comme aux échecs, l'objectif du secteur spatial n'est pas d'avaler des pions, mais de cerner la pièce maîtresse dans un espace en mouvement : ISS, la lune, Mars. L'Europe avait le meilleur contrôle du plateau avec son emplacement guyanais, le meilleur développement humain et technologique avec une méticuleuse construction de son agence et de ses lanceurs à larges rayons d'action. Pourtant les russes ont su placer leur Soyouz, admirable comme un vieux pion survivant de toutes les guerres, en plein coeur de la stratégie européenne. En autostop pour le cosmos. 

Sébastien Di Silvestro

 

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