Un quartier de « relogement » pour nomades « sédentarisés ». Dans cette série on enjambe les oxymores des appellations administratives. Et on passe une frontière. Celle d’un quartier retranché sur lui-même. Avec un mode de vie en suspens, transitoire depuis des années.

 

Les traces du voyage y sont omniprésentes. Les caravanes prennent la poussière, rien n’est entreposé ou organisé pour durer. Les 2 roues des jeunes sont bien huilés. Seule constante, on reste entre soi. Autant par choix que par nécessité. Ailleurs c’est ailleurs. Et le quartier n’a pas bonne réputation. On n’y vient pas pour le plaisir. Seuls les services et les associations se succèdent.

 

Ce travail a été réalisé avec ATD Quart Monde pour proposer aux habitants de se voir en photographie. De voir une autre image d’eux-mêmes qui participerait aux nombreux leviers d’une adaptation continue. À une prise de conscience positive et à un questionnement au travers d’une forme d’art. Qui a donné lieu à une première exposition à la médiathèque de Nancy. Une sortie. Se voir ailleurs. Donner à voir. Et se voir par d’autres regards.

 

Si ce moment de complicité a été largement gagné, en partant de la méfiance pour parvenir à véritable proximité, l’image obéit mal aux seules idées. Elle saisit à la croisée, entre, s’immisce, et finit par témoigner sans autre filtre qu’une bienveillance a priori, de réalités non dites. A l'origine, nous voulions voir ces personnes autrement que par le seul prisme social. Les saisir en portrait, en plein, dans cette place centrale qui réunit les familles au jour le jour. Puis des liens se créent, la dynamique des relations fabrique des images, l’exercice glisse presque involontairement vers un témoignage brut. Au sujet duquel seules ces images ont à dire.